Life Elia

A quelques jours des nuits les plus courtes, une partie de l'équipe du LIFE ELIA s'est rendue en Finlande pour rencontrer Fingrid, gestionnaire du réseau de transport (GRT) d'électricité finlandais. La rencontre a eu lieu les 11 et 13 juin 2014 à Helsinki.

Réunion au siège de Fingrid

Comme à chaque rencontre avec un GRT, le LIFE ELIA a présenté le projet, les 7 actions et les perspectives de partenariat.

En Finlande, la principale recommandation du Gouvernement est de développer le réseau autant que possible le long des infrastructures linéaires existantes, comme les lignes existantes mais aussi les voies ferrées et les autoroutes.

Lorsqu'un projet de nouvelle ligne ou de rénovation de ligne est présenté, Fingrid rencontre parfois de fortes oppositions citoyennes. Le défi de l'acceptabilité sociétale du transport d'électricité est en effet un point crucial pour les GRTs. Nous avons étudié ensemble comme les actions du LIFE ELIA pourraient contribuer à améliorer cet accueil sur le terrain.

Du point de vue de la gestion de la végétation, Fingrid pratique à la fois des coupes rases dans les couloirs forestiers, et des coupes sélectives favorisant les espèces à faible hauteur finale.

L'eau et la neige

La Finlande est le 5ème pays d'Europe en terme de superficie. Et les 180.000 lacs couvrent environ 10% du territoire. Cette occupation du sol oblige Fingrid à développer un savoir faire particulier en terme de lignes électriques traversant les plans d'eaux et s'appuyant sur un réseau d'îles. 

Le poids de la glace sur les câbles en hiver constitue une autre difficulté rencontrée par Fingrid. Dans les conditions les plus rudes, les unités de maintenance patrouillent le long des lignes pour vérifier leur état. Au besoin, la glace est enlevée soit manuellement soit par hélicoptère.

Le lendemain de la réunion à Helsinki, l'équipe s'est rendue sur le terrain pour découvrir des aménagements réalisés pour la biodiversité sous les lignes à haute tension.

Station n°1 : gestion de la végétation par des moutons à Nokia

La ville de Nokia est devenue célèbre de par son industrie de téléphones portables. Mais c'est aussi une commune où le responsable des espaces verts arbore une réelle volonté de faire bouger les choses en faveur de la biodiversité. Fingrid a été contacté par la commune pour développer un projet ensemble sous une ligne bordant une zone résidentielle. L'idée était de valoriser la friche de 4ha (anciennement une prairie pâturée) alors colonisée par des saules, peupliers trembles et épicéas. En plus des deux protagonistes, un partenariat a été établi avec la paroisse de Nokia (propriétaire d'une partie de la zone au même titre que la commune), Vattenfall (gestionnaire du réseau de distribution), l'administration de l'environnement locale, Pro Agria (la Fédération des agriculteurs), un éleveur bio et même le club de football local. Le résultat de ce partenariat fut visible sur le terrain : 30 moutons pâturent les 4 ha divisés en deux zones : les rives du lac et une île sur le lac. Les moutons appartiennent à l'éleveur et sont surveillés par les responsables du club de football moyennant un sponsor financier versé par Fingrid. Les clôtures fixes ont été installées grâce à des subsides et les genévriers maintenus.

C'est un très bon exemple illustrant l'intégration de la gestion des dessous de ligne dans un contexte local. Les voisins sont satisfaits par cette nouvelle gestion et les écoles locales organisent des visites pédagogiques avec les enfants.

Station 2 : un espace pédagogique sous les lignes

Un autre type de partenariat a été mis en place avec la commune de Tampere (un peu plus au nord) et avec une école primaire. L'objectif est ici de créer un espace pédagogique sous les lignes, en profitant du contexte naturel diversifié : prairies fleuries (à semer), parties humides et parties rocheuses. Les activités organisées permettront l'observation de plantes, insectes et oiseaux. Le projet n'est pas encore réalisé mais les travaux débuteront très prochainement.

Station 3 : des perches pour l'écureuil volant

L'aménagement le plus surprenant est sans conteste celui réalisé pour l'écureuil volant (Pteromys volans). Cette espèce protégée par la directive européenne sur les habitats et les espèces se déplace par des vols d'environ 50 à 75 m. Lorsqu'il se déplace au sol, il rend la tâche de ses prédateurs beaucoup plus facile.

Sous les conseils d'une université finlandaise, des poteaux en bois traités ont été enfoncées verticalement dans le sol sous une double ligne à haute tension (110 kV et 400 kV) pour permettre l'écureuil volant de traverser le couloir en deux étapes puisqu'il a la possibilité de regagner de la hauteur en montant sur les perches.

Animal nocturne, l'écureuil volant est rarement observé et les résultats positifs sont encore à mesurer...mais l'action est une très bonne tentative de combiner transport d'électricité et biodiversité.